Mécanismes en jeu
Pour comprendre les mécanismes du shiatsu, il est important de mettre en place certains préalables. En médecine orientale, l’énergie (ki ou chi) circule le long de lignes appelées méridiens. Sur ces méridiens, il existe des points nommés tsubos (les points d’acupuncture). Ces points sont les endroits où se concentre l’énergie.
Les méridiens et les tsubos sont reliés aux organes internes et en sont l’expression à la surface de la peau. Par exemple, lorsqu’un organe est en dysfonctionnement, le méridien et le tsubo lui correspondant laisseront apparaître des signes d’avertissement. Ces signes pourront varier en fonction de la nature du désordre (le cas échéant, si l’organe est en surcharge, les tsubos pourront être durs et douloureux, au contraire si l’organe manque d’énergie, le méridien et les tsubos correspondant seront mous et sensibles en profondeur). Si on considère les points situés le long de la colonne vertébrale, appelés points SHU, ces points correspondent à des terminaisons de nerfs (les ganglions sympathiques) reliés aux organes internes par l’intermédiaire du rachis et du cerveau. Lorsque l’on presse ce point, l’organe relié reçoit le même stimulus et inversement lorsque l’organe, pour une raison ou une autre (maladie, désordre) envoie un signal, le point situé sur la peau reçoit la même information. C’est ici que l’on voit l’importance du toucher du praticien : les doigts vont servir à la fois, à envoyer des informations, mais aussi à recevoir des réponses en retour.
Les pressions et relâchements vont servir à rétablir l’équilibre énergétique dans les méridiens et par là-même faire disparaître l’état maladif de l’organe. Il faut d’ailleurs préciser que, en médecine orientale, l’organe n’est pas considéré comme en Occident où les fondements de la médecine se sont faits à partir de cadavres que l’on a disséqués; en Orient l’organe est considéré en tant que fonction : par exemple, le cœur représente la compassion et régit les émotions.
Une partie de notre système nerveux fonctionne en dehors de notre volonté, c’est le système nerveux autonome qui s’occupe des fonctions réflexes de notre corps. C’est lui qui gère les réactions de notre corps aux stimuli externes. Il fonctionne de deux manières, soit il s’adapte, c’est la fonction parasympathique, soit il se ferme, et c’est la fonction orthosympathique. C’est cette deuxième fonction qui est responsable des blocages d’énergie et donc des maladies et des dysfonctionnements de notre organisme. Le système sympathique sert, en fait, à mettre en route les défenses de notre corps face aux agressions extérieures : par exemple, lorsque l’on enfile un vêtement, le premier contact est une défense, il arrive que l’on ressente des picotements. Puis le corps analyse le niveau de danger de l’élément extérieur, il décide d’accepter l’étranger et n’envoie plus de signaux, c’est le parasympathique qui fonctionne. C’est ainsi que l’on est obligé de constater une augmentation constante des maladies non classées et difficiles sinon impossibles à soigner avec les moyens de la médecine traditionnelle occidentale.
Au départ, la médecine occidentale s’est orientée vers la lutte contre les microbes, mais on s’est rapidement rendu compte que ça ne suffisait pas. Nous avons vaincu la peste, la polio, la tuberculose et la grippe, mais pas la neurasthénie, car il n’existe pas de vaccin contre l’ennui et l’apathie.
Nous sommes de plus en plus confrontés aux stimuli extérieurs qui nous agressent à longueur de jour et même de nuit : les bruits, les vibrations, la lumière artificielle, les pollutions atmosphériques, etc.
Et, comme le corps lutte contre les microbes, il lutte également contre les stress. Sa principale défense est le système nerveux sympathique qui lui permet de se fermer complètement en attendant de pouvoir trouver une solution d’adaptation.
On se rend compte que, quelle que soit l’agression, physique ou psychique, le corps va avoir une réaction de sauvegarde.
Mais notre système nerveux a ses limites, et il est parfois dérouté devant le nombre constamment croissant des agressions, des stimuli, et il finit par ne plus donner de réponse, ou des réponses erronées (douleurs diverses, mauvaise chimie du sang, absence de sensations ou sensations inconnues, picotements, bourdonnements d’oreille, tâches sur la peau, dermatoses).
Le Shiatsu, par son action de détente, vise à stimuler les défenses naturelles de l’organisme et à faire lâcher les tensions créées par le système nerveux autonome. Mais il ne faut pas oublier que la maladie est un signal d’alarme et qu’il ne faut pas ôter ce signal sans rééquilibrer l’ensemble du corps. L’idéal est de pratiquer le massage Shiatsu de manière préventive: aux inter-saisons, avant une période de surmenage, aux premiers symptômes de maladie. C’est ainsi qu’autrefois, en Chine, le médecin était rémunéré tant que son client était en bonne santé.